Quand les ordinateurs portaient des jupes

série de photos (2023) sur les "oubliées" de l'histoire de l'informatique

transformation numérique et pellicule argentique.
tirages 80 x 80 et 50 x 50 numérotés  (5 ex + 2 pour chaque)

"Quand les ordinateurs portaient des jupes" est une série de portraits des personnages qui ont façonné l’histoire de la culture numérique.

Pour ce projet, je me suis intéressé au discours médiatique “critique” (au sens où il remet en question l’histoire orthodoxe, notamment en réhabilitant la place des femmes) qui tente de réhabiliter différentes personnes "oubliées" par l'histoire du développement de l’informatique, l’infrastructure logistique des cultures numériques. Avec toute l’ambiguïté que ce discours, en se généralisant, devient à son tour une nouvelle orthodoxie, et qu’en créant à son tour des nouvelles icônes, il laisse dans l’oubli la grande majorité silencieuse des "oubliés", notamment en plus des femmes, les minorités ethniques latino et afro-américaines.

L’histoire alternative du numérique se construit à travers les mots, mais aussi à travers des images, notamment des portraits de figures féminines “oubliées” qui deviennent aujourd'hui des icônes. Je me suis particulièrement intéressé aux années 50-60, car les fantasmes investis dans la pensée technologiques de cette époque (notamment l’idée de créer des êtres autonomes) innervent les machines d’aujourd’hui comme l’intelligence artificielle.

Plutôt que de créer des nouvelles images, j’ai décidé de partir de portraits de personnages issus d’internet (libres de droit) et de les transformer pour que leur matière même exprime la complexité de notre relation à la technologie. Pour la première image de cette série mon choix s’est porté sur Hedy Lamaar, une des plus citées dans les médias. Cette femme conciliait son métier d’actrice avec des recherches sur des protocoles de communication en informatique (dont le WIFI est issu). Parce qu’elle est à la fois belle et intelligente, elle incarne le portrait idéal de la femme “moderne” et glamour. Je l’ai choisi ainsi pour son caractère doublement iconique.

J'ai effectué un travail de recherche pour transformer l’image initiale, dans le style des portraits de star hollywoodienne des années 50, vers une image qui parle d’une tension résolue entre numérique et organique, hybridant des aplats de couleurs (caractéristiques de la numérisation), et le grain de la pellicule photo argentique. Les tirages sont réalisé en impression piezographique sur papier Hahnemühle métallisé.

Pour mieux présenter le résultat et la texture particulière de l'image, je présente en plus des images finales un zoom sur la photo pour qu’on puisse mieux voir la texture (dans les impressions en 60 cm x 90 cm la texture est très visible).