Hic Sunt Dracones

Machine à suspendre la gravité (2023)
Bois, aluminium, fibre de verre, moteurs, aimants, électronique, ordinateur
210 cm x 600 cm


« C’est parce que je hais l’esprit de pesanteur que je tiens de l’oiseau »
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1883)


L’expression latine hic sunt dracones (littéralement « ici sont les dragons ») désigne une zone encore inexplorée de la côte Est de l’Asie sur le globe terrestre de Hunt-Lenox. Datant de 1503-1507, Ce globe est à la croisée des mondes : il préfigure la Renaissance et des Lumières, l’exploration scientifique du monde, tout en restant ancré dans l’imaginaire médiéval, où la rationnalité cohabite avec les mythes. Le mystère du vivant est alors au coeur de la mystique chrétienne.

Le pendule géant, de plusieurs mètres de haut, évoque dans sa forme le célèbre pendule de Foucault, qui s’offrit en spectacle au Panthéon en 1854, avec la promesse de «voir la Terre tourner» devant les yeux ébahis du public, marquant la victoire des Lumières sur «l’obscurantisme moyenageux». «Hic Sunt Dracones» propose une nouvelle expérience, empreinte de mystère : le moment de suspension qui se produit naturellement à chaque apogée de l’oscillation se prolonge parfois au-delà du raisonnable, comme si la force de gravitation n’était plus immuable, ou influencée par la matière noire de l’Univers. A moins que le pendule ne réussisse tout simplement par moment à s’émanciper de la pesanteur ?

Le pendule « hic sunt dracones » est un pendule dansant, au sens où Nietzsche définit la danse, l’expression de l’élan vital des corps libérés de la cadence militaire, un jaillissement de liberté.









«It is because I hate the spirit of heaviness that I take after the bird.» Nietzsche, Thus Spoke Zarathustra (1883)


The Latin phrase hic sunt dracones (literally «here are the dragons») refers to an unexplored area on the east coast of Asia on the Hunt-Lenox globe. Dating from 1503-1507, this globe is at the crossroads of worlds: it prefigures the Renaissance and the Enlightenment, the scientific exploration of the world, while remaining anchored in the medieval imagination, where rationality coexists with myths. The mystery of life is then at the heart of Christian mysticism.

The giant pendulum, several meters high, evokes in its form the famous pendulum of Foucault, who offered himself in spectacle to the Pantheon in 1854 to «see the Earth turn» before their amazed eyes, marking the victory of the Enlightenment over «obscurantism medieval». «Hic Sunt Dracones» proposes a new experience, full of mystery: the moment of suspension which occurs naturally at each peak of the oscillation is sometimes prolonged beyond the reasonable, as if the force of gravitation was not immutable, or influenced by the dark matter of the Universe. Unless the pendulum simply succeeds at times in emancipating itself from gravity?

The pendulum «hic sunt dracones» is a dancing pendulum, in the sense that Nietzsche defines dance, the expression of the vital momentum of bodies freed from military cadence, a burst of freedom.